jeudi 8 février 2007

L' A6M-2N RUFE




Au cours de l'été de 1940, l'Etat-Major Général Japonais a déjà arrêté les grandes lignes de sa future expansion militaire et il sait que ses troupes du Génie ne pourront pas toujours construire assez vite des aérodromes afin de suivre et soutenir l'avance des forces amphibies. Aussi, envisage-t-on alors de mettre en chantier un modèle de chasseur à flotteurs qui pourra assurer les missions de chasse et d'appui-feu en attendant la mise en service des aérodromes de campagne.



C'est à l'automne de 1940 que sont soumises les spécifications 15 Shi et l'on pense tout naturellement à la société Mitsubishi qui tonnait tant de succès avec son nouveau monoplace Type O" L'avant-projet
présenté par Mitsubishi est aussitôt accepté, mais la firme est, à ce moment, incapable d'assurer la construction du nouvel appareil en raison de la saturation de son plan de charge. C'est alors la société Nakajima qui est choisie pour assurer non seulement le développement définitif, mais également la production.



Ce sont les ingénieurs Tajima et Niitake qui travaillent sur ce programme
et ils présentent en février 1941 le projet AS-1. En fait, c'est la reprise pure et simple de l'avant-projet Mitsubishi, c'est-à-dire une cellule Type O A6M2 Modèle 11 sur laquelle sont adaptés un gros flotteur central et deux ballon-nets latéraux portés par un simple mât cantilever sous la voilure. Les seules modifications notables, hormis les organes marins, résident dans l'agrandissement de l'empennage vertical et le montage d'une petite quille de roulis sous la partie inférieure arrière du fuselage.



Ces deux éléments à caractère directionnel sont conçus afin de compenser les perturbations aérodynamiques et longitudinales engendrées par le gros flotteur central. Signalons en outre qu'un réservoir supplémentaire de carburant est justement logé dans le flotteur central.
Comme toujours au Japon, on entreprend parallèlement à l'étude définitive la construction d'un prototype dénommé Nakajima A6M2-N qui d'ailleurs effectue son premier vol le 8 décembre 1941, le jour de l'attaque-surprise de Pearl Harbour.



L'expérimentation se révèle concluante et le modèle est accepté officiellement avec l'appellation Nakajima Type 2 A6M2-N Modèle 11.
Lorsque vers le mois d'avril 1942, les premiers exemplaires de série sont disponibles, il est déjà trop tard. En effet, les forces japonaises achèvent alors leurs plus importantes conquêtes et le nouvel hydravion de chasse ne peut, de ce fait, accomplir des missions offensives pour lesquelles il a été conçu. Il est donc cantonné dans un rôle purement
défensif, qui n'est d'ailleurs pas sans intérêt, mais qui ne correspond pas exactement aux possibilités tactiques de l'appareil. C'est ainsi qu'au début du mois de mai 1942, la première unité dotée de ce modèle, le Yokohama Kokutai, s'installe à Tulagi, non loin de la célèbre île de Guadalcanal. La découverte fortuite de cette unité par un bombardier B-17
en mission de reconnaissance constitue d'ailleurs une des causes de la bataille de la mer de Corail.


Un mois plus tard, d'autres A6M2-N sont utilisés dans le cadre de l'opération lancée contre les îles Aléoutiennes, parallèlement à celle de Midway. Durant près de deux années, les hydravions de chasse Nakajima Type 2 A6M2-N, surnommés « Rufe » dans le code des Américains, assurent la défense de lieux dépourvus d'aérodromes, mais leur nombre reste limité car il n'y en a que 327 exemplaires construits à l'usine Nakajima de Koizumi entre décembre 1941 et septembre 1943. Toutefois, on retrouve des appareils de ce type dans le cadre de la défense aérienne de la métropole au printemps de 1945. Le Otsu Kokutai, bien qu'utilisé en qualité d'unité d'entraînement basée sur le lac Biwa participe également
à la défense de Tokyo et des grands centres proches, mais sans grand succès. De même qu'au cours des nombreuses batailles autour de l'île d'Okinawa, on retrouve quelques A6M2-N pilotés par des volontaires Kamikaze.


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